Article pour l'Avent de Beatrice Grosjean
« Or, un jour il monta en barque avec ses disciples ; il leur dit: «Passons sur l'autre rive du lac», et ils gagnèrent le large. Pendant qu'ils naviguaient, Jésus s'endormit » (Luc 8, 22-23).
Nous avons tous chanté un jour ou l’autre « J’ai Jésus dans mon bateau » Être dans la barque, c'est se retirer à l’écart. Je suis donc avec Jésus à l’écart. Jésus est là, dans ma barque, il dort.
« J’ai Jésus dans mon bateau
Même dans la tempête
Et même dans les vagues
Jésus lui Il dort
Au fond du bateau
Même dans la tempête
Et même dans les vagues
Jésus lui, il dort
Au fond du bateau »
Moi, je suis là avec lui
Survient alors la tempête. Jésus dort toujours. Où sont mes pensées ? Jésus est en paix, mais moi comment suis-je ? Je suis avec le Roi des rois, le Seigneur des seigneurs. Comment je réagis ?
1/ Les yeux sur les vagues
Parfois, je regarde aux vagues, je fixe mes yeux sur l'agitation autour de moi. Mes pensées, mon âme sont troublées. Je n’ai plus d’yeux que pour ces vagues. J’entends le vent souffler. Mon inquiétude grandit. Petit à petit, ces vagues deviennent immenses, surdimensionnées. Je suis de plus en plus tourmenté. Je suis comme dans une coquille de noix, balloté dans tous les sens. Je ne vois plus que les difficultés de mon quotidien, tout ce qui m'affole, me paralyse, me met à terre. Mes pensées sont embrouillées. Je me sens seul face à l'adversité. Je pense que je vais sombrer dans cet abime. Je ne vois même plus Jésus qui est là dans ma barque. Je me crois seul. Je me laisse tromper par ce que j’entends, ce que je vois.
2/ Des vagues à Jésus et de Jésus aux vagues
D'autre fois, je vois Jésus, là, qui dort. Je le regarde, puis je regarde les vagues. Il dort et moi, je suis inquiet. Chaque fois que mon regard se pose hors du bateau, je vois les vagues, et elles me perturbent, m'effraient, me déboussolent ; chaque fois que mon regard se pose sur Jésus, je suis rassuré, mais je doute, car il dort, et moi, je sens ce bateau qui tangue dans la tempête. J'aimerais qu'il soit éveillé. Qu’il me parle, me rassure Bien plus, j'aimerais qu'il apaise cette tempête. Quand je le vois, je me rappelle ses prodiges Mais là, Jésus dort et moi, je ne sais pas vraiment rester en paix comme lui. Si je le réveille, dans son Amour infini, il va répondre à l’appel de détresse.
« Ils s'approchèrent et le réveillèrent en disant: "Maître, maître, nous périssons!" Il se réveilla, menaça le vent et les vagues : ils s'apaisèrent et le calme se fit. Puis il leur dit: "Où est votre foi?"» (Luc 8 24-25).
3/ Les yeux sur Jésus
D'autre fois encore, je suis dans la barque et je regarde Jésus paisible. Uniquement Jésus et pas les turbulences qui sont autour. La paix qui est en lui m'envahit petit à petit. J'ai pleinement conscience de l'agitation autour de moi, mais la Paix de Jésus qui dort dans ma barque met mon cœur en paix. Je sens la barque qui bouge, mais suis sans inquiétude. J’ai appris à faire confiance. Comme un enfant marche au côté de son père sans se soucier de demain, sûr que rien de mal ne peut arriver en sa présence. Ce temps à part avec lui me met le cœur en paix. Mon quotidien et ses tribulations ne sont plus l’objet de mes pensées. « Jésus, tu es là et je t’aime, je te donne ma confiance. Avec toi, je vivrai » Regarder à Jésus dans cette intimité ravive ma foi, la confiance. Plus je le regarde et plus mes peurs s’enfuient et la paix s’installe.
4/ Contre son cœur
Enfin, parfois, dans cette barque, je me couche à côté de Jésus. Je mets ma tête contre son cœur. J'écoute les battements de son cœur. Il n'y a plus que lui et moi. Petit à petit, je me mets au rythme du battement de son cœur. Il est en moi, je suis en lui. Sa paix envahit tout mon être. Son Amour coule en moi. Il ne me parle pas, mais je suis entré en intimité avec lui. Au plus profond de mon être, je l’accueille. Sa présence me suffit. Je suis la bien-aimée qui reçoit son Bien-Aimé. Il n'est pas besoin de mot. L'Amour n'a pas besoin de mot pour être. Juste cette proximité si douce Dans cette intimité, pas de tourments. Les vagues peuvent frapper, la tempête peut se déchaîner, je suis en paix, je ne l'entends plus, ne la sens plus, ne la vois plus. Il n'y a plus que l'Amour qui prend toute la place. Plus rien n'a d'importance
5/ Quelle place pour Jésus dans mon cœur aujourd’hui ?
Pendant ce temps de l’avent, nous préparons la crèche qui va accueillir Jésus, petit enfant dans nos maisons ; mais dans la maison de mon cœur, quelle intimité ai-je avec lui. Car il est là, bien présent.
Cette barque, c'est mon cœur. Le lieu au Jésus est là, présent en moi. Il m'attend parfois en silence. Il est ma source de paix. Je n’ai pas toujours conscience de sa présence en ce lieu intime. Parfois, je regarde tellement mon quotidien, j’écoute les bruits du monde, je me laisse étourdir et j’oublie que Jésus est là. Alors tout me semble aller mal. D’autre fois, je me souviens, mais partage mon cœur entre le brouhaha du monde et la place d’intimité que je donne à notre relation. Comme une amoureuse qui pendant un repas aux chandelles parlerait des tracas du quotidien à son tendre aimé. Et ce souvenir du quotidien peut se faire si présent que je ne suis plus à lui.
Et puis il y a ces temps où je me rends présent à lui. Parfois avec quelques réserves et parfois comme un enfant enthousiaste qui se jette par amour dans les bras, car j’ai conscience que c’est juste dans ses bras, contre son cœur miséricordieux que je suis élevé jusqu’au ciel.
« (…) l’ascenseur qui doit m’élever jusqu’au Ciel, ce sont vos bras, ô Jésus ! Pour cela je n’ai pas besoin de grandir, au contraire il faut que je reste petite, que je le devienne de plus en plus ! O mon Dieu, vous avez dépassé mon attente et moi je veux chanter vos miséricordes ». (Sainte Thérèse de Lisieux)
Et en Jésus, par l’Esprit Saint se trouve Paix, Joie, Force pour traverser les turbulences qui agitent ma barque.
« Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Ce n'est pas à la manière du monde que je vous la donne. Que votre cœur cesse de se troubler et de craindre ». (Jean 14,27)
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